Les cauchemars, c'est ce que les rêves deviennent toujours en vieillissant.

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Message par AnnaKarenina Sam 18 Juil 2015 - 23:24

Bonsoir à tous Smile

Je me permets d'exposer ma situation/ mes ressentis, espérant que, peut-être, l'un(e) d'entre vous pourra me faire part de son propre vécu (et d'éventuelles solutions) ou de conseils.

J'ai, depuis presque 'toujours', - mais de façon extrêmement prononcée depuis deux ans -, la sensation, outre d'être différente, d'être profondément esseulée, que je sois ou non 'entourée'.
Plus le temps passe, et plus je mesure l'immensité du fossé qui me sépare des autres, du moins, des personnes qu'il m'a été donné de rencontrer (j'ai côtoyé divers milieux sociaux, car ne supportant pas l'idée d'être esclave d'un unique travail à vie, je n'ai travaillé qu'en CDD/saisonnier, changeant d'emploi très régulièrement, passant de l'administratif à caissière, serveuse, ouvrière .. ce qui m'a permis de constater que je ne me retrouvais ni dans l'un, ni dans l'autre, même si je m'adapte très facilement à l'un ou à l'autre, capacité d'adaptation qui me permet de très vite me faire accepter/apprécier (en toute humilité) de mes collègues. Pourtant, jamais je n'ai trouvé de miroir, dans aucune de ces personnes, dans aucuns de mes amis. On m'a toujours considérée comme excentrique, comme atypique, ce qui malgré tout aurait pu ne pas être source de tourments si cela n'avait débouché sur une exclusion croissante.

Je n'ai actuellement pour ainsi dire plus d'amis, du moins proches géographiquement. J'ai eu, pendant quelques années, une bande d'amis, que j'appréciais beaucoup, mais dont, à mon grand dam, je me suis éloignée progressivement, avec l'impression qu'ils 'stagnaient' (passant leur temps à boire (j'entends par là, à ne voir presque exclusivement que ce moyen pour se divertir) à parler de choses superficielles ou triviales à longueur de soirée, à ressortir toujours les mêmes blagues, les mêmes sujets de conversations, à avoir les mêmes préoccupations à 18 ans qu'à 28 ..), et que je n'avais plus grand chose en commun avec eux, m'ennuyant à mourir pendant les soirées, me sentant gauche, mal à l'aise .. je me suis isolée tout doucement, suscitant leur incompréhension puis leur indignation et, par effet boule de neige, me coupant de nombreux autres amis. Il en a été de même pour les amis rencontrés plus récemment, qui (une fois encore, je ne veux vraiment pas sembler prétentieuse) semblent régresser, plus immatures avec l'âge, et avec lesquels je n'arrive plus à échanger. (et qui pourtant ont le triple d'études de moi)

J'ai aujourd'hui 30 ans, et, que ce soient les amis, les collègues, et même ma famille, je souffre de ne pouvoir échanger, de ne pouvoir avoir de longues discussions, de ne pas pouvoir partager mes passions (elles sont multiples, je suis aussi bien passionnée par la médecine que par la littérature, l'astronomie, l'histoire ... et malgré cela, malgré le nombre assez conséquents de sujets qui m'intéressent, je ne peux ni échanger ni vraiment partager, tant les échanges restent superficiels (par exemple, si quelqu'un me dit aimer la musique des années 60, dont je raffole, je vais lui donner des noms, lui parler de groupes peu connus, l'encourager à écouter de multiples chansons, ravie de pouvoir partager ces découvertes qui, je le pense, apporteront également du plaisir à cette personne .. ). Peine perdue. Passée deux ou trois minutes, je remarque que mon interlocuteur a décroché, le regard déjà ailleurs, acquiesçant mécaniquement. Et si je lui donne une petite liste, pour qu'il s'y penche plus tard, inutile de me bercer d'illusions: il prétendra toujours ne pas avoir eu le temps, et n'écoutera/ne regardera/ne liera jamais. On me reproche également de trop parler, d'écrire des mails/messages trop longs (je fais pourtant le nécessaire pour les rendre les plus attractifs possibles, essayant d'être concise ou de raconter des anecdotes singulières (si par exemple j'évoque l'histoire, la littérature ...).

Les seules personnes incroyablement cultivées que j'ai pu rencontrer ne l'étaient que d'un ou deux sujets maximum, se bornant à l'étude de leur spécialité, et se fermant à toute autre sujet .. (inutile d'essayer de parler astronomie avec un prof de lettres par exemple !)(ou inversement ...) Mon interlocuteur ne partagera pas mon enthousiasme si cela sort du cadre de ses intérêts, ne montrant pas la moindre curiosité pour ce qu'il ne connait pas, même si j'en vante les mérites. Cette impossibilité de trouver chez quelqu'un cet éclectisme me frustre beaucoup.

Mon autre principale frustration est sentimentale. Je me suis vite lassée des hommes de mon âge (on dit souvent que je suis très exigeante, cela vient peut-être de mon perfectionnisme, je ne contrôle malheureusement pas cela, un homme devant correspondre à plusieurs critères spécifiques pour me plaire, sans que je puisse n'y rien changer ..), avec lesquels je m'ennuyais à mourir, pour me tourner vers les hommes plus âgés (le double de mon âge ne me fait pas peur, au contraire). J'en ai trouvé un, très cultivé, comblant tant mes aspirations qu'il me considérait comme stupide et inculte, mais cependant dôté d'une personnalité à tendances manipulatrices, parfois un peu perverses. (j'ai le sentiment de n'être attirée que par ce genre d'hommes, qui, à souffler le chaud et le froid, à brouiller les pistes - même si hélas, cela passe très souvent par le mensonge, la manipulation-, donnent l'image d'une personnalité complexe, dont j'essaie constamment (et en vain) de percer le mystère, ne me lassant ainsi jamais. Seul bémol, en contrepartie, je me fais broyer, lui offrant la jouissance de pouvoir jouer avec ma sensibilité. Il m'a quittée de nombreuses fois, ce qui stimulait ma créativité, mon imagination, me poussant à me dépasser, à toujours trouver de quoi le faire revenir (notamment grâce à l'écriture, ou aux arts), à sans cesse m'améliorer. Cela n'a pas suffit, il m'a définitivement quittée depuis (du jour au lendemain, sans raison ni explication, d'autant plus que j'étais complètement à sa merci), et je ne parviens pas à tourner la page, tant il représente à mes yeux un ultime idéal.

Ainsi, désormais sans amis et sans amour -et pourtant, j'en ai terriblement besoin, étant sans doute dépendante affective, ne pouvant fonctionner sans amour- , je compense en me bourrant de paradis artificiels . J'ai de plus trouvé un travail où je bosse seule toute la journée, ne voyant absolument personne, ce qui, cumulé avec ce désert amical et amoureux, me plonge vraiment dans une solitude incommensurable. J'ai le net sentiment d'être sur le fil, d'être en sursis, que mon équilibre, relatif et précaire, ne tient qu'à ces substances qui font tampon. Pour combien de temps ? Pourtant, j'aime tant de choses ... Mes passions me tiennent en vie, quel plaisir de lire un livre, d'écouter une nouvelle chanson, de découvrir un film, d'entreprendre de connaître l'histoire de A à Z, et mille autres projets .. Mais, seule, quelle tristesse, quel enfer ..

AnnaKarenina
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