Zèbre, ok, mais après?

Bonjour,

J’ai pas mal farfouillé sur le forum et j’y ai trouvé pleins de supers infos.
Comme beaucoup d’entre vous je me retrouve dans la plupart des témoignages et ça fait foutrement du bien ! Mais…

…Mais la question à laquelle je ne trouve pas de réponse, c’est qu’est-ce qu’on fait après le « diagnostique » ?
Qu’avez-vous fait concrètement après avoir su ?

J’ai beau chercher un début de piste, je suis toujours perdue… (d’autant plus que chez moi nous n’avons pas toutes les associations et structures que vous pouvez avoir).

Merci à tous de vos témoignages !

Après, viennent les IRLs, plus d'indulgence envers soi, entre autre.
Ca évite aussi de se croire fou, quand on est le seul à comprendre un truc ou à être in(in)teresé, à rire d'un sujet, alors, au lieu de s'interroger durant des millénaires sur le "Pourquoi ?" de ce décalage, on a une explication toute prête, très utile et relativement acceptée par quelque communautés.
Je trouve que c'est déjà beaucoup, suffisament selon moi.

Les IRL chez moi, je doute que cela soit possible.
Mais moi cela ne me suffit pas. On sait ok, mais concrètement on fait quoi?
Oui c'est sur c'est un grand soulagement de se rendre compte que finalement on n'est pas juste "bizarre".
Et puis? On continu comme ça, on rencontre d'autres zèbres et c'est tout?
C'est un peu tristoune. Je m'attendais à un changement de vie, d'habitudes. On me dit que j'ai des capacités mais qu'en faire?

Je partage tes questions, même si la réponse de Bibo n'est pas dénué d'intérêt (elle est même complètement juste).
Je la complèterais même en disant qu'avec l'acceptation de soi et de sa différence, certaines choses peuvent se débloquer, la vie pourrait potentiellement s'en trouver changée.

Tu as 25 ans, tu es encore jeune, tu en as sûrement bavé(e) comme nous tous, mais peut-être pas autant ; je veux dire moi ça fait 15 ans que je me "heurte" au monde du travail (en écrivant je me demande en quoi le monde du travail représente un milieu différent de monde scolaire ... bon osef )
Le fait d'avoir découvert le phénomène de la surdouance m'a permis de ... respirer ai-je envie de dire.

Mais après ?
Il y a un truc où je suis profondément insatisfait. Tout ça pour ça ? Rencontres IRLs ? et après ?

Mouais, "tout ça pour ça"... J'espère que des choses vont se débloquer et que je vais pouvoir évoluer!
Ca serait bête de rien en faire de nos capacités.

Ben ... je n'ai pas tellement l'impression que les membres de ce forum font "des trucs grandioses" depuis qu'ils se sont découverts ...

Penny De Nouméa a écrit:Les IRL chez moi, je doute que cela soit possible.

Fais en sortes qu'elles le deviennent, un projet qui peut même devenir un but.

Penny De Nouméa a écrit:
Mais moi cela ne me suffit pas. On sait ok, mais concrètement on fait quoi?
Et puis? On continu comme ça, on rencontre d'autres zèbres et c'est tout?
C'est un peu tristoune. Je m'attendais à un changement de vie, d'habitudes. On me dit que j'ai des capacités mais qu'en faire?

Tu es toujours toi, tu en sais juste un peu plus.
Ca peut donner un sens à la vie de certains de manière indirecte puisqu'alors, ils se découvrent capable d'effectuer un travail, une activité pour laquelle ils se pensaient incapable. De la même manière, puisque tu fais maintenant partie de cette communauté (et je viens là préciser ce que je sous entendais par :"Fais en sortes qu'elles le deviennent") tu pourrais énoncer la reconnaissance de cette communauté et de cette problématique comme objet politique ou éthique te concernant.
Croire que ça change tout est surestimé, il suffit de se dire que ça change suffisament. Les crises existentielles sont loins d'être finis, c'est le travail d'une vie, tu crois avoir franchi une étape qui donnerait un sens, tu viens de découvrir le point de départ d'un nombre inconsidérable de problématiques.

Je crois que ça permet de mieux se comprendre, mieux s'accepter, (re)prendre confiance...
Mais après, on nous a pas soudainement greffé des ailes et on ne va pas élaborer demain de projet révolutionnaire... (enfin certains, oui mais une minorité infime...)
Faut pas attendre trop sous prétexte qu'on a les capacités. Etre heureux c'est déjà "tout" et le diagnostic sera peut être l'étincelle qui fera que face à des difficultés on ira un peu plus loin que prévu voir jusqu'à l'aboutissement d'un projet.

Oui, tu apprends plus sur toi, donc maintenant cette info chacun la gère à sa manière.
Vu que déjà il y a plusieurs manière de vivre la douance, de fait il y a encore plus de manières d'intégrer cette information et c'est une démarche assez personnelle en fin de compte.

Penny De Nouméa a écrit:On me dit que j'ai des capacités mais qu'en faire ?

Pourquoi ne pas utiliser tes capacités pour déterminer ce qu'il convient d'en faire et le faire ?

C'est assez personelle comme question... J'étais à un moment de ma vie où je ne croyais plus en moi, je me croyais incapable et inutile. Alors, apprendre que j'étais zèbre a changé ma vision de moi-même. Je savais que je pouvais faire ce que je voulais si je le voulais. Ça m'a énormément aidé à me compendre et à me faire confiance.

La decouverte de ma zebrite m'a permis de mieux me comprendre et de ne plus culpabiliser, du moins j'essaie, d'être differente. Apres, je compte petit a petit prendre la peau du zebre, mais pour cela , il faut que j'abandonne ma peau de cheval.

Ee

Je goûte depuis seulement quelques semaines au plaisir de comprendre de nombreux malaises d'antan. Je suis heureuse de répondre à mille millions de "pourquoi". Je peaufine une annonce adaptée à chaque membre de mon entourage ( restreint) et après? A trente ans, mère d'un petit bout de 2 ans, cela fait déjà très longtemps que je veux reprendre des études de philo, anthropologie,psycho, musique...j'essaye douloureusement depuis très longtemps de travailler mon coup de plume, depuis très longtemps je commence et ne finis pas couture et crochet... Etc..
Donc oui je sais et cela soulage le fond mais la forme ?
En tous cas Penny, si tu n'es pas encore désabusée, blasée, cynique comme moi fais tout péter avant d'avoir des enfants, des deuils ou d'autres barrières psychologiques. Fais- toi peur, prends des risques pour te nourrir d'une adrénaline que d'après ce que je comprend les HP peuvent avoir besoin.
De mon côté, comme toi, je continue à chercher un filon en prodiguant des conseils qui me servent aussi de réponses. Mais que va nous réserver cette journée, roulement de tambour? Mon persil est-il sortis de sous terre ? Vais-je réussir ma mousse au chocolat? Le téléphone va-t-il enfin m'annoncer que l'on a grand besoin de ma motivation sur cet emploi?...

Comme pour tout le monde je pense, découvrir la zébritude et avoir ainsi une explication de mes "différences" avec mon entourage pro et perso, ça m'a enlevé un poids considérable.
La réflexion qui suit rapidement après, c'est que tout est différent et que tout est pareil qu'avant.
Différent parce que la vision qu'on a de soi évolue (positivement) et entraîne, par ricochet, une évolution de la vision qu'ont de nous les gens qui nous entourent. Les rapports avec les autres sont fluidifiés, plus simples, moins superficiels une fois qu'on se connaît et qu'on s'accepte.
Pareil parce que, sauf à être frappé par la grâce et découvrir subitement sa place dans ce monde à l'issue de cette révélation, la vie continue telle qu'avant. Parents, enfants, amis, collègues sont toujours là. Internet, les infos crachent toujours les mêmes horreurs qui nous dégoûtent ou nous dépriment, le mystère de la création est toujours inaccessible, la taille de l'univers n'a pas diminué mais ça nous effraie moins.

Hé bien moi je continue mon parcours spirituel. Celui-ci était déjà bien engagé avant que je ne découvre le concept de surdouance.

Qu'est-ce que ça vient faire dans ce débat me demanderez-vous ? Hé bien, être engagé dans une démarche spi m'a permis de :
- cherchez la connaissance de moi-même et l'acceptation de moi-même afin de moins être en conflit avec moi-même ; la découverte de ma zébritude va dans cette direction mais ne constitue pas forcément une révolution
- comprendre que "le bonheur" n'est pas à chercher dans le monde extérieur, mais bien à l'intérieur, par un état d'être approprié, ou plutôt en éliminant tous les états d'être qui vont à l'encontre de cette recherche. De ce fait, les questions que beaucoup se posent ici quand aux relations avec le monde du travail perdent beaucoup de leur intérêt ; je ne cherche plus "le boulot dans lequel je m'épanouirai" comme le saint graal. Si il existe et si un jour je le trouve, tant mieux, mais je ne conditionnerai pas mon bonheur à cette hyptohèse.
- mais aussi apprentissage de techniques qui m'ont permis de contrôler (avec plus ou moins de succès hein) mes émotions et mon mental : contrôle de la respiration pour les émotions, lâcher-prise pour le mental, techniques que je conseillerais vigoureusement à vous tous.

Ce qui est bien avec un potentiel, c'est qu'on n'y a pas encore donné de forme concrète, et donc qu'on peut y décider la forme qu'on veut y donner, ce qu'on veut en faire.
J'aime à penser qu'avoir un haut potentiel, c'est de rendre beaucoup de choses possible, et que notre limitation réside en ce que nous croyons être impossible.

Je ne dirais pas, pour autant, que tout devient facile. Mais au moins, comprendre sa nature enlève de la culpabilité et rend confiance, ça donne une certaine force pour accomplir ses rêves.

Pour te répondre plus directement, tu es zèbre, donc, beaucoup de choses sont possible, mais que désires-tu ?

Lhaiku a écrit:Ee

Ee,what is that? Write in French, please. Thank you.

Requiem a écrit:Ben ... je n'ai pas tellement l'impression que les membres de ce forum font "des trucs grandioses" depuis qu'ils se sont découverts ...

Il serait peut-être temps de lancer un mouvement, j'ai l'impression que le zèbre est aussi fainéant que les autres notamment pour se mettre en danger vu que supporter les situations normales semble déjà être un exploit. Se (re)connaître c'est bien ça permet à certains de se sentir (enfin ?) en groupe mais j'ai comme l'impression que c'est un nouveau ghetto pour animaux (as)sociaux. Le problème c'est sûrement de choisir entre la cathédrale et le bazar même si ce dernier peut devenir exponentiel... accessoirement le thème aussi pour nous rejoindre et surtout nous fixer. Doit-on envisager sérieusement de changer le monde ? Si oui cela conduit-il à considérer cela comme une affaire sérieuse ? Vitale ?

Penny De Nouméa a écrit:…Mais la question à laquelle je ne trouve pas de réponse, c’est qu’est-ce qu’on fait après le « diagnostique » ?
Qu’avez-vous fait concrètement après avoir su ?

Bonjour Penny,
Un an a passé depuis l'ouverture de ce fil : aujourd'hui comment tu répondrais à ta propre question ?

J'imagine que tu as vu ces deux autres fils sur ce même sujet "zèbre, et après ?" :
www.zebrascrossing.net/t24118-qu-avez-vous-change-apres-un-test-positif?
www.zebrascrossing.net/t20780-le-diagnostique-et-apres?

J'ai la même petite musique en sourdine : "et maintenant on fait quoi ?"
Je penche pour l'investissement dans la pratique politique (et non "politicienne" ou "partisane"), option "apporter sa pierre (et c'est pas n'importe quelle pierre, même modeste) pour changer le monde".
Imaginons : et si les zèbres s'organisaient, où qu'ils soient, avec des ambitions réalistes, pour s'infiltrer à des endroits stratégiques (par exemple dans une équipe municipale, une association militante, un syndicat, une coopérative d'éducation populaire, une AMAP...), pour y jouer un rôle discret de facilitateurs, d'accélérateurs, vers le progrès humain et immatériel (et non plus économique et matériel), et pour se soutenir les uns les autres dans ce rôle...?
"Un rôle discret", parce que je ne pense pas que ça soit ni utile ni efficace de se revendiquer zèbre dans ce genre de démarche. Savoir qu'on est zèbre, ça veut juste dire qu'on peut avoir des alliés, se sentir moins anachronique dans ses idéaux. Se faire des retours d'expériences, s'enrichir les uns les autres pour enrichir le monde. Et tout ça en gardant le plus le lien possible avec la vraie vie...d'où ma perplexité face à certains aspects de ce forum.

Je crois qu'il y a deux chemins à parcourir : celui de notre rôle dans la vie publique et collective, et celui de notre épanouissement individuel. Avec un fil rouge qui traverse les deux, qui serait un mélange d'authenticité, d'exigence bienveillante, de souplesse permanente. (liste non exhaustive)
Mais finalement, je me demande encore : est-ce que c'est si différent des autres humains ?
Peut-être que ce qui nous distingue, c'est l'intensité.