Je veux communiquer avec des zèbres qui vivent à l'écart du monde.

Seuls ceux qui ont goûté les longues méditations hivernales - et nocturnes - peuvent se faire une idée du confort mental de la solitude.
Il y a là un pessimisme foncier en ce qui concerne les possibilités d'échanges, c'est vrai. Mais ce que l'on élève de soi élève invisiblement les autres, voilà pourquoi ce n'est pas du temps perdu. Bizarrement, plus on est seul et plus on est relié à un grand nombre. Plus aussi on devient sensible - d'où l'aspect addictif de la solitude, qui de luxe devient nécessité. Alors les rencontres sont des heurts. La foule un manège. La rue un brouhaha d'acier. Il y a une rupture. Elle est consommée par souci prophylactique et non par mépris je le répète.
Mais vient un moment où l'on s'enroule dans le suaire du silence, et soudain, on entend, au sens d'entendement.

Fata Morgana a écrit:C'est vrai que je vis à l'écart du monde, sans travailler, tout entier occupé à mes petites futilités. Comme dans une tour d'ivoire ? Non ! Parce que cette image a une connotation de mépris. C'est plutôt une vie cachée dans les catacombes, à l'abri de l'histoire, de l'agitation, de l'imprévisibilité d'un monde notoirement agressif et normatif. Mes cornues ce peuvent être mes livres, mon grand œuvre une mélodie et dans cet atelier de la perpétuelle improvisation je ME vis tel que suis... Y en a t-il d'autre(s) ?

Je n'ai pas la prétention d'avoir cette vie, mais je fais tout pour y arriver... Mon idéal serait de vivre dans les bois, avec des systèmes d'énergie alternatifs, des maisons super high-tech, voire une toute petite communauté vivant en autarcie... Ca reste encore flou, mais il est clair que je ne suis pas du tout en phase avec ce système actuel (politique, social, économique), et qu'il va falloir s'adapter pour survivre

Salud ar c'hamaladed !

Mjöllnir a écrit:Il va falloir s'adapter pour survivre. Exactement.Retourner à des valeurs plus concrètes, réapprendre des métiers manuels, se remettre à collaborer bien au dessus des différences de pensée, mettre de coté son égo.

Il n'y a pas de honte à faire un travail manuel

Tout est fait pour nous rendre dépendant du système. Presque plus personne parmi les jeunes ne sait jardiner (moi le premier !) : c'est pourtant la base. Mais le jour où notre civilisation arrivera à son terme, comment fera-t-on ? Ce ne sont pas nos ipads ni même nos fringues à XXX euros qui nous donneront de quoi nous nourrir. Et la situation est de pire en pire puisque la planète est de plus en plus polluée... Dans un siècle pourra-t-on encore dire que la Nature sera un refuge pour l'homme ?

D'une façon plus pragmatique, je voyais la survie d'un point de vue économique. Pour acheter un terrain, payer les taxes, investir dans du concret... Ce n'est pas du tout évident à concevoir. Mais je ne désespère pas, je me rends compte qu'il existe un nombre considérable de personnes qui ne veulent plus vivre la vie qu'on leur impose...

Mjöllnir a écrit: Je crois sincèrement que le chemin qui s'annonce va être extrêmement critique pour les plus jeunes générations dont la facilité de vie, accompagnée de la futilité de croire que tout peut s'acheter, risque de tomber rapidement en poussière ...

Je suis de la "génération Nintendo". J'ai vécu mon enfance et mon adolescence dans les livres. Plus tard, j'ai connu les balbutiements du web, c'était notre terrain de jeu. Internet n'est pas propriétaire, c'était un espace d'une grande liberté mais surtout, réservé à une certaine tranche de la population (beaucoup de passionnés).

Aujourd'hui, les jeunes naissent avec cette technologie. Je doute qu'ils aient le recul nécessaire (on s'en rend surtout compte quand on a le malheur de tomber sur skyblog) et je me demande parfois ce que foutent leurs parents. Je doute également qu'il y en ait beaucoup qui ouvrent autant de livres qu'à notre époque (et ça se remarque tout de suite quand ils s'expriment à l'écrit). La claque va très vite arriver.

A notre époque, c'était la transition (les années 90), on gardait encore le souvenir de la cool attitude des années 80, l'image du jeune cadre dynamique aux dents blanches dans les pubs grâce au dentifrice trucmuche, puis nos parents ont commencé à se faire licencier... La désillusion s'est installée assez progressivement, mais en face nous n'étions pas des consommateurs comme maintenant. De nos jours, tout a un prix exhorbitant et tout le monde veut tout avoir. Du coup, dès que les jeunes vont arriver sur le marché du travail avec des CV bourrés de fautes d'orthographe, ça ne va pas vraiment le faire...

Fusain a écrit:D'ailleurs, vraisemblablement, les premières choses dont il faudra se déshabituer, c'est le "super hi-tech", faute de matières premières et d'énergie.

Je pense que le problème de l'énergie est un faux problème. C'est juste un levier politique. C'est un long débat, mais il existe des solutions depuis les années 60'. Des moteurs à énergie gratuite existent (le moteur Perendev par exemple), sans qu'il y ait besoin d'éolienne ou de capteurs solaires. En fait, des brevets existent depuis les années 50 ou 60 (c'est pas pour rien qu'on a essayé d'enterrer les travaux de Tesla ou d'occulter ceux de Leedskalnin).

Mais en faisant croire aux gens qu'ils vont être dans la merde, ça permettra de les ponctionner encore plus, ça permettra de les faire voter telle ou telle loi, ça permettra de faire beaucoup de choses (d'autant plus que la nouvelle génération ne peut quasiment plus survivre en dehors du système). Le discours sur l'énergie, les débats sur les énergies alternatifs, je trouve ça grotesque. Il faut juste attaquer la politique des brevets pour l'intérêt général (je parle de l'humanité et non pas de communisme). C'est pour toutes ces raisons que je pense qu'une vie différente est tout à fait possible.

Quant au super high-tech, tout dépend de ce qu'on entend par là. Internet reste à mes yeux une évolution considérable, grâce à ça nous pouvons échanger en ce moment-même, ce n'est pas rien :-) Et quand la fibre optique sera installée partout, cela permettra d'envisager des choses encore plus extraordinaires. Ceci dit, il est clair qu'il y a un paquet de gadgets dont l'utilisation est devenue une obligation quasi sociale, et qui ne servent à rien. Je n'ai pas de GSM et je m'en porte très bien. Ca coûte cher, ça ne sert à rien, sauf à tracer vos déplacements (tout comme les GPS). Perso, avec un netbook je choppe une connexion dans un MacDo et j'envoie un message à qui je veux gratuitement.

Hors domaine professionnel, toutes ces choses sont inutiles, elles ne font qu'asservir un peu plus l'être humain. Là où je suis vraiment réac', c'est que j'aurais tendance à me réfugier dans les livres (pas les pdf ou les ebooks), dans les bibliothèques (le jour où il y a une surcharge électromagnétique qui flingue tous nos disques durs, où se trouvera notre connaissance ?)... On a beau trouvé "primitif" le fait d'écrire sur de l'argile, mais nous avons retrouvé des tablettes qui datent de presque 4000 av JC, je ne sais pas si on pourra en dire autant de notre civilisation informatisée dans 6000 ans... Là où ça me sidère c'est que tandis que je rencontre des personnes qui veulent une autre vie, d'autres me semblent de plus en plus lobotomisées par les médias, incapables de prendre conscience de notre situation actuelle...

Sans tomber dans la réclusion complète, une vie "spirituelle" me semble inexorable, redécouvrir les possibilités du corps humain (plutôt que de le transformer en machine avec le transhumanisme), redécouvrir ce que nos ancêtres savaient déjà et le partager... Tout un programme ! =)

Fata Morgana a écrit:Il n'est pas certain que ce soient les meilleurs qui survivent. La sélection naturelle engendre des guerriers, pas des humbles, pas des doux.

Ca me rappelle les longues discussions en mp avec Waka =) Que devient-elle, quelqu'un a des news ?

Les espèces s'adaptent d'abord à leur environnement.

Notre monde s'est énormément informatisé et ce sont les premiers informaticiens qui ont réussi à se faire un max de blé... Il y a quelques années, les sociologues vantaient les mérites de la génération Y, puis on s'est vite aperçu que les "anciens" ont très vite su se servir de l'outil informatique (parfois beaucoup mieux que leurs rejetons !).

Une nouvelle étude publiée sur Slate.fr démontre que - contrairement à ce que l'on pensait - ceux qui font plusieurs choses à la fois (lire le courriel, répondre au téléphone, etc.) deviennent plus stupides à long terme. La raison évoquée est (entre autre) qu'ils n'arrivent plus à tenir leur concentration sur rien du tout.

http://www.slate.fr/lien/26085/multitasking-rend-idiot

Je m'en rends compte assez régulièrement sur les forums lorsque sur un thread assez long (ce que j'ai l'habitude de faire), certaines personnes ne lisent que la moitié pour répondre ensuite à côté de la plaque =) Et ce sont souvent des jeunes, jamais des "anciens"...

Je ne crois pas en l'Apocalypse, ni même en une fin du monde à la Mad Max. Néanmoins, nous sommes dans une époque transitoire, et pour y faire face j'essaie d'être le plus pragmatique possible. Que faut-il pour vivre ? Un toit, de l'énergie, de la nourriture, de l'eau, du chauffage, des livres, une connexion Internet (à défaut d'avoir un autre outil de communication).

Avoir des livres ça peut faire sourire, mais si notre civilisation devient de plus en plus niaise (ce qui est le cas), seuls les plus cultivés s'en sortiront. Si le monde s'engouffre dans les abîmes du capitalisme libéral, seuls ceux qui auront des thunes s'en sortiront. Mais celui qui a de l'argent et qui est neuneu, il s'en sortira beaucoup moins que quelqu'un qui sait se servir de sa matière grise. Etc.

Et puis on peut être guerrier style "chevalier blanc" (un peu comme Ken Le Survivant héhé).

Quoi qu'il en soit, ce n'est pas vraiment évident d'anticiper sur des situations fictives sans avoir un parti pris derrière :/